aire d’accueil — inventaire exhaustif des pouvoirs de l’imagination


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On les dit d’ « accueil ». Elles sont, d’après la loi, obligatoires dans toutes les communes françaises de plus de 5000 habitants et doivent permettre aux « gens du voyage » de s’y arrêter en fonction de leurs projets de parcours. Antoine Le Roux les a approchées comme des faits. Frontalement, sans effet de lumière, sans déformation. Il nous confronte à des espaces sans signe distinctif, sans identité. Des espaces clos, bétonnés, stricts et en même temps énigmatiques. Documenter en s’interdisant d’interpréter ou de commenter, donner à voir en nous confrontant à des questions davantage qu’à des démonstrations que la photographie est incapable de mener, tel est le propos, strictement photographique de ce possible inventaire des « aires ».
Cette position du photographe qui s’efface mais est pourtant bien présent nous renvoie à une problématique de définition. Que sont donc ces espaces vides, en attente possible, qui ne sont ni des jachères ni lieux abandonnés, plutôt des espaces pas encore investis ?
« Aire » nous renvoie à une problématique mathématique de la surface et du calcul des surfaces dont la plus célèbre reste « la quadrature du cercle ». « Accueil », selon le dictionnaire, signifie « une cérémonie ou prestation réservée à un nouvel arrivant, consistant généralement à lui souhaiter la bienvenue et à l'aider dans son intégration ou ses démarches ».
Nous éprouvons quelque difficulté à faire coïncider ces définitions avec les images rapportées par Antoine Le Roux. Nous renverraient-elles à l’inadéquation des lieux qu’il a cadrés avec leur attribution officielle ?

Christian Caujolle